La Guinée est à la croisée des chemins. À mesure que s’étire une transition militarisée, les signes avant-coureurs d’une explosion populaire en 2025 se multiplient. Au cœur des tensions, le colonel Mamadi Doumbouya et son entourage, dont la gestion opaque et autoritaire suscite indignation et exaspération.
Un glissement de calendrier orchestré !
Depuis son coup d’État en septembre 2021, la junte militaire au pouvoir semble avoir fait de la prolongation de la transition une stratégie délibérée.
Prétextant des retards de financement imputés à la CEDEAO et à d’autres partenaires, elle brandit un budget électoral exorbitant de 600 millions de dollars, présenté comme un obstacle au retour à l’ordre constitutionnel.
Mais derrière ces chiffres se cache un chantage politique. Alors que la Guinée dispose déjà d’un fichier électoral validé par la CEDEAO et l’OIF, et d’une constitution (celle de mai 2010) nécessitant au mieux un référendum, l’exigence de cette somme astronomique ressemble davantage à une rançon imposée à la communauté internationale et au peuple guinéen.
Un dialogue refusé, une répression organisée !
Ce régime, sourd aux appels au dialogue des forces vives de la nation et des institutions régionales et internationales, a multiplié les actes d’arrogance et de mépris.
Loin d’engager des discussions ouvertes et inclusives, il s’est enfermé dans une rhétorique populiste aux relents nationalistes et souverainistes, vidée de toute substance idéologique.
Pendant ce temps, la junte détourne l’attention par des projets d’infrastructures souvent attribués de gré à gré, au mépris des règles de transparence. Ces manœuvres visent à bâtir un semblant de bilan pour justifier la confiscation du pouvoir.
La dernière illustration de ce phénomène: SIMANDOU 2040 vu par Mamadi Doumbouya et ses acolytes comme un arme d’enrichissement massif qui bénéficiera à tous sauf au peuple de Guinée qui n’aura droit qu’à la propagande ambiante en cours de déploiement auréolé d’un branding national à couvrir de ridicule.
Cette propagande ambiante, entretenue à grand renfort d’argent public, alors même que des Guinéens disparaissent pour avoir simplement exprimé le souhait de manifester, vise à assurer la promotion de la candidature de Mamadi Doumbouya à la prochaine présidentielle, alors même qu’il s’était engagé à ne pas rester une heure de plus à la fin de la transition.
Sacrilège !
Cette même propagande a conduit à la tragédie nationale du stade de Nzerekore le 1er décembre dernier avec plus d’une centaine de morts laissant entrevoir l’arrogance, le mépris, la légèreté et l’irresponsabilité du CNRD quant il est question de la vie des Guinéens.
Un système corrompu reproduit et aggravé !
Vingt-deux mois après avoir dénoncé la mauvaise gouvernance et l’instrumentalisation des institutions pour légitimer son coup d’État, le CNRD s’enfonce dans les mêmes pratiques, voire pire :
• Instrumentalisation de la justice pour museler les opposants.
• Népotisme et favoritisme régionaliste dans les nominations.
• Arrestations arbitraires et intimidations des voix dissidentes.
• Interdiction illégale des manifestations pacifiques.
• Répression sanglante des manifestations pacifiques.
• Culte de la personnalité et propagande populiste.
Si la junte militaire en Argentine, en 1976, droguait, déshabillait, puis jetait vivants ses opposants, depuis des avions militaires, dans l’océan Atlantique, au large des côtes de Buenos Aires, la junte guinéenne reproduit, sous des schémas différents, le même mode opératoire des disparitions forcées.
Fonike Mengue, Billo Bah, Habib Marouane Camara, et bien d’autres anonymes ont été victimes de la folie liberticide du CNRD pour qui la vie d’un Guinéen ne vaut absolument rien.
Cette dérive autoritaire s’accompagne d’une opacité totale : refus de publier la liste des membres de la junte ou de déclarer leur patrimoine, malgré les promesses initiales de transparence.
Un climat explosif !
La situation économique et sociale alimente le mécontentement. Cherté de la vie, chômage endémique, corruption, pillage des ressources publiques et déni de justice ont créé un cocktail explosif.
Pendant que la population s’enfonce dans la précarité, les autorités affichent un train de vie ostentatoire, exacerbant les frustrations.
Tous les ingrédients d’un soulèvement populaire sont désormais réunis.
La Guinée, ni le Mali, ni le Burkina Faso !
L’histoire récente de la Guinée démontre que son peuple n’accepte ni la résignation ni la soumission. Contrairement à ses voisins où les juntes tentent également de s’enraciner, la Guinée pourrait être le théâtre d’un sursaut citoyen d’une ampleur inédite.
Déjà, des patriotes affûtent leurs armes pour les batailles à venir. Les tentatives de prolongation de la transition au-delà de 2024 ne passeront pas inaperçues. Le peuple de Guinée, fidèle à son combat pour la démocratie et l’État de droit, est prêt à affronter toute tentative de confiscation du pouvoir.
Un choix décisif pour Doumbouya !
Le colonel Mamadi Doumbouya et ses soutiens sont désormais à la croisée des chemins. Ils doivent choisir entre tenir leurs engagements pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel ou faire face à la colère d’un peuple déterminé.
La Guinée refuse d’être une autre dictature militaire déguisée. Le compte à rebours est lancé.
SEKOU KOUNDOUNO
RESPONSABLE DES STRATÉGIES ET PLANIFICATION DU FNDC
0 commentaires